Dans l’imaginaire collectif, les patients souffrant de troubles psychiatriques sont parfois porteurs de nos plus grandes craintes et peuvent être stigmatisés. C’est pourquoi certains souhaiteraient envisager des systèmes de géolocalisation patient. Mais cette hypothèse est-elle vraiment adaptée pour tous ? N’est-elle pas une innovation stigmatisante ? Si elle semble envisageable pour certains troubles cognitifs, elle ne l’est sans doute pas pour chaque patient.
Le développement de la géolocalisation dans les établissements de soins
En soins généraux
Vous avez pu voir le principe fort utile de la géolocalisation dans les établissements de soins généraux. De la géolocalisation du matériel à celle des patients, cette façon de savoir où chaque chose et chaque personne se trouve ne semble pas vraiment poser de souci. En effet, qui pourrait s’offusquer que chaque lit, chaque brancard, chaque respirateur soit numéroté ? Personne puisque cela permet au personnel, à par ricochet aux patients, de gagner beaucoup de temps et même de sauver des vies puisqu’il n’y a plus de temps perdu à chercher le matériel essentiel, voire vital.
De même pour les visiteurs qui peuvent être géolocalisés afin de les aider dans leur parcours patient. Sans cette assistance virtuelle, il y avait tellement de temps perdu à se repérer dans les dédales de couloirs, trouver le bureau du médecin que l’on vient consulter… Le visiteur sait pertinemment que cette localisation est là pour lui venir en aide. Il n’aurait pas l’idée de s’en plaindre.
En soins de santé mentale
Tout ce que vous venez de voir peut-il s’appliquer également aux soins en psychiatrie ? Question épineuse vous en conviendrez. Or, certains établissements spécialisés en santé mentale ont fait le choix de s’équiper de la géolocalisation patient. Et pas uniquement pour leur matériel. En effet, la prise en charge de nombreuses pathologies pourrait se voir faciliter par ce système de guidage. Mais où est donc passé ce patient souffrant de la maladie d’Alzheimer ? N’importe quelle infirmière travaillant dans ce type de structure s’est posé cette question au moins une fois dans sa carrière. Ces patients ont effectivement une très forte propension à déambuler du matin au soir. Leurs troubles cognitifs font qu’ils peuvent finir par se perdre et être totalement désorientés. Cela conduit à un stress important et des risques pour leur vie.
Il en va de même pour les patients souffrant d’autres pathologies : troubles bipolaires, schizophrénie, patients au profil « dangereux »… Nous pourrions être tentés de savoir où ils se trouvent en permanence. Mais est-ce raisonnable ? Et quid de la liberté individuelle ?
Stigmatisation des patients nécessitant des soins psychiatriques
La stigmatisation en général
Personne ne pourra nier que les patients souffrant de pathologies psychiatriques sont stigmatisés par une certaine partie de la population. Il faut bien reconnaître que certaines actualités et certains médias ont largement participé à cette mise à l’écart. Selon différentes études, les patients atteints de graves troubles mentaux ne seraient responsables que de 0,16 homicide pour 100 000 habitants. Or, il n’en reste pas moins que dans l’imaginaire collectif, les criminels sont des malades mentaux. Il n’en est rien et la quasi-majorité des crimes sont perpétrés par des personnes ne souffrant d’aucune pathologie psychiatrique. Les motifs sont généralement bien plus terre-à-terre (argent, jalousie, colère, sexe…).
Toutefois, les patients psychiatriques continuent à faire peur, même si des efforts considérables ont été faits ces dernières décennies pour les réhabiliter et les faire vivre dans la cité.
Si certaines pathologies aspirent à la compréhension, voire à la compassion (maladie d’Alzheimer, trisomie 21, dépression…), d’autres maladies inspirent à plus de méfiance et de crainte. La schizophrénie est en l’exemple le plus net.
La stigmatisation de la géolocalisation de ces patients
Si les patients eux-mêmes sont stigmatisés, que dire de leur géolocalisation ? C’est bien ici tout le paradoxe. La société craint les patients, mais elle craint encore plus de voir ses libertés bafouées. Alors que faire ? Convenons que savoir à chaque instant où se trouve un patient souffrant d’Alzheimer ne semble pas poser de problème. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce patient pourrait être notre père, notre mère ou nos grands-parents… et même nous-mêmes dans quelques années ! Ajoutez à cela que nous ne voulons que leur bien et nous voilà prêts à leur donner un bracelet pour éviter qu’ils ne fuguent, ne se perdent et risquent leur vie. Hormis cette altération cognitive, que dire des autres pathologies ? Est-il envisageable que tous les patients schizophrènes, autistes, dépressifs ou dits dangereux disposent d’un bracelet électronique ? Que penseriez-vous de prime abord en croisant dans la rue une personne disposant d’un tel dispositif ? Il y a fort à parier que vous voudriez changer de trottoir, car ce système de géolocalisation fait d’emblée penser aux personnes sortant de détention… Alors, faut-il imposer ça aux patients psychiatriques ? Cela ne risque-t-il pas de renforcer la stigmatisation dont ils sont déjà victimes ? Que faire de leurs libertés ?
Enjeux pour les établissements de santé
Toutes ces questions sont autant d’enjeux pour les établissements de soins. Faut-il privilégier le bien-être du patient, sa sécurité ou la sécurité du reste de la société ? Sachant qu’ils disposent de bracelet, comment peut se faire le rétablissement du patient ? Pense-t-il que le personnel, la société n’ont pas confiance en eux ? Et, dans ce cas, comment aller mieux ?
Voilà 1001 interrogations auxquelles il faudra répondre avant d’utiliser la géolocalisation à grande échelle des patients psychiatriques. Même si elle est envisagée pour leur sécurité, ne risque-t-elle pas de les stigmatiser davantage et, par effet domino, d’interdire leur mieux-être ? Voilà un sujet difficile, voire philosophique. Il touche à de nombreux domaines : la stigmatisation, la peur, les libertés, la sécurité, la société. Autant de thèmes dont il est difficile de débattre. Si de tels dispositifs sont prêts à être utilisés, la société Cogis Networks détient déjà les clés pour les mettre en place, avec notamment la solution de géolocalisation, COZii